Ce 30 mars 2023, 2 décrets viennent étoffer le texte relatif à la prescription d'activité physique adaptée, j'ai nommé le decret 2023-234 et le decret 2023-235. Pour mémoire la prescription d'APA en France existe dans les textes depuis le 30 décembre 2016... et elle avait été élargie l'an passé en s'ouvrant notamment à d'autres publics. Nous avions déjà rédigé un petit article à cette occasion que je vous invite à relire ici .
Les 2 textes apportent quelques précisions quant aux publics visés qui sont effectivement élargi : en ALD, malades chroniques, surpoids & obésité, personnes âgées, personnes handicapées...
Les prescripteurs d'APA peuvent être tous les médecins du parcours de santé des personnes, spécialiste ou généraliste. Ils s'appuieront sur des modèles de prescription un peu plus détaillés que jusqu'alors, avec notamment une durée de 3 à 6 mois (renouvelable), et des guides de prescriptions rédigés par la HAS. Le lien avec les médecins sera aussi renforcé puisqu'il est prévu dans le parcours des patients en APA que les bilans et documents réalisés par les intervenants en APA (kiné, EAPA, éducateurs sportifs, bénévoles) puissent être transmis au médecin traitant et médecin prescripteur. Je trouve ces échanges forcés très intéressants afin de favoriser une réelle collaboration dans l'accompagnement des patients !
Quant aux séances et à l'accompagnement en APA des personnes est également plus borné avec ces décrets, avec notamment de multiples bilans a réaliser. Ces évaluations devraient s'appuyer largement sur les Maisons Sport Santé déployées sur tout le territoire dont Acti'forme fait maintenant parti. Pour le coup je suis beaucoup moins fan de la systématisation de ces bilans motivationnels et de condition physique. Effectivement la pratique d'activité physique est bénéfique à la santé et cela a été prouvé à maintes reprises. Mais y a-t-il besoin de mesurer et médicaliser l'activité physique ici ? L'idée étant de (re)mobiliser des personnes qui n'ont pas bougé depuis longtemps, n'est-il pas plus pertinent d'évaluer le plaisir qu'ils ont eu à bouger, l'intention qu'ils ont de recommencer demain, ... plutôt que de savoir s'ils ont perdu quelques kilos ou gagner en force !?
Lorsque l'on parle d'activité physique ADAPTEE... on pense terrain, pratique ; mais pour moi l'APA est définitivement bien plus large que cela. En ce sens, n'y a-t-il pas aussi à réfléchir sur des tests adaptés ? ou si je peux pousser encore un peu plus loin la réflexion : parfois n'est-ce pas plus adapté que de ne pas tester...
Aujourd'hui la prescription d'APA continue d'évoluer, et c'est plutôt une bonne chose que de parvenir à garder ce sujet actif... mais avouons-le : cela avance trop doucement ! Derrière la prescription, la mesure principale attendue par les professionnels de santé, de l'activité physique et surtout par les patients est le remboursement de la pratique d'APA. Cependant cela n'est pas évoqué et ne semble toujours pas d'actualité. Quel dommage ! D'autant que cela met nombre d'enseignants en APA en difficulté chaque semaine lorsque nous rencontrons des personnes, munies de leur prescription en bonne et due forme, et que nous devons leur expliquer que l'APA reste un médicament non remboursé et que pour poursuivre leur démarche de remise en mouvement, par de l'activité physique adaptée, cela devra se faire à leur frais... La loi publiée en mars 2022 prévoyait un rapport en septembre 2022 sur le coût et l'économie que représenterait le remboursement d'APA.... Pour le moment nous n'avons pas eu de nouvelles de ce rapport qui poussera sans aucun doute dans le sens d'un remboursement !